Au mois de février Claude m’a rendu attentif à la sortie canyoning du CAS de cette année. Mais comme d’habitude, je m’y suis pris à la dernière minute et j’ai envoyé un message à Fréd avec peu d’espoir qu’il reste une place pour moi. « Une telle sortie est certainement déjà complète depuis longtemps » me suis-je dit. C’est alors avec surprise et joie que j’ai reçu une réponse positive quelques jours plus tard. Mon étonnement s’est encore accru par la suite quand j’ai vu avec quel professionnalisme, calme et gentillesse Fréd nous a guidé à travers les canyons. Je peux donc, avant même de raconter le déroulement, conseiller vivement cette sortie à tout le monde !
Mais commençons par le début : le lundi précédant le week-end, Fréd organisait une soirée de formation. En plus des manipulations de corde, il fallait surtout apprendre comment communiquer. Car dans les canyons, il n’y a pas seulement le problème de la visibilité mais aussi le fait que souvent on ne peut pas s’entendre à cause du bruit assourdissant de l’eau. C’est pour quoi on utilise soit la communication sonore au sifflet, soit la communication gestuelle lorsque la visibilité est bonne. Lors de la soirée de formation, nous avons donc appris par exemple ce qu’il faut faire lorsque l’on veut indiquer à la personne en haut qu’il faut rallonger la corde de rappel alors qu’on se trouve en plein milieu d’une cascade qui nous tombe dessus avec toute sa force. Ou encore quel geste il faut faire pour signaler la présence d’un caillou dans l’eau. C’était de la répétition pour les expérimentés et beaucoup de chose à retenir pour les novices.
Le premier jour, nous avions rendez-vous chez Fréd à 5 heures du matin. L’idée était de partir tôt pour éviter les bouchons et profiter du beau temps annoncé pour ce vendredi, afin de faire deux canyons. Nous avons à peine réussi à mettre toutes nos affaires et surtout nous-mêmes dans la voiture de Fréd. Claude s’est retrouvé coincé à l’arrière entre sa chérie et moi qui s’est vite endormi sur son épaule dès nous avons quitté notre terre neuchâteloise. Malgré le petit souci de place, le voyage s’est très bien passé et nous sommes arrivés au Tessin même plus tôt que prévu. Nous avions donc un peu de temps pour boire un ou deux cafés dans un bistro. Pendant que certains dégustaient les délicieux croissants à la confiture « albicocca», Claude se régalait avec ses petits pots de nourriture magique. La force qu’il doit avoir dans sa nourriture me fait toujours penser au pain elfique de la saga du Seigneur des Anneaux :-)
Sous un soleil brillant nous nous sommes ensuite rendus chez l’ami de Fréd pour récupérer notre matériel. Grâce à la bonne préparation de Fréd, tout le monde avait vite trouvé chaussure à son pied ou plutôt combi à son corps. Nous étions prêt(e)s à attaquer notre premier canyon, celui de Boggera à Cresciano.
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Notre matos sur le dos et les chaussures de canyoning aux pieds nous montions pendant 25 minutes pour arriver au point de départ de notre première aventure. Les combis enfilées, nous nous laissions tomber dans l’eau. « Elle n’est pas froide » ai-je pensé jusqu’à ce que les premières gouttes rentrent dans la combinaison et coulent le long de mon dos. Heureusement on bouge beaucoup lors de la descente et le corps se réchauffe au fur et à mesure. Après un saut de trois ou quatre mètres pour se mettre dans le bain et un rappel des techniques de corde, nous nous lancions dans le canyon avec beaucoup d’excitation.
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L'environnement d'un canyon est à couper le souffle. Les couleurs et les formes des roches, façonnées par la force de l'eau au fil des siècles, sont juste magnifiques. L'immense force de l'eau qui gronde dans le canyon. On a vite l'impression de ne faire qu'un avec l'eau en se frayant un chemin vers la vallée. Le fait de se retrouver à des endroits où personne ne s’y aventure (à part les canyonneurs bien sûr) procure un sentiment intense de proximité avec la nature.
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Après plusieurs sauts (le plus haut étant de 10 mètres), différents toboggans et rappels, nous arrivions au dernier bassin et étions très contents de notre premier canyon. Après une pause de midi au soleil bien méritée, nous partions pour Gordevio où notre prochain canyon, appelé Val Grande, nous attendait. Ce canyon était également très beau avec son point culminant une cascade de 25 mètres qui se déversait dans un bassin profond entouré de hauts rochers - un endroit calme et merveilleux. Pour notre plus grand plaisir, une chaude pluie d'été a commencé à tomber peu après notre départ, arrosant notre progression et nous offrant un incroyable arc-en-ciel rien que pour nous. Nous terminions le Val Grande par un long toboggan suivi d'un saut de 4 mètres, qui pour certains se terminait sur le dos.
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Après notre deuxième canyon, nous étions bien fatigués et nous avons donc encore plus apprécié une grande bière dans un bistro. La soirée se terminait autour d’une bonne assiette de spaghettis et d’un verre de Merlot du coin. L’appartement que Fréd nous a loué était top et il y avait suffisamment d’espace pour que tout le monde soit à l’aise.
Le lendemain, nous avions rendez-vous à Vira pour le petit canyon Val Vira. Fréd a été mandaté par son ami au Tessin pour superviser un groupe de 15 personnes avec deux guides, car ces derniers n’avaient pas encore terminé leur formation. Nous nous sommes donc joints à un groupe sympa de jeunes Romand(e)s. Apparemment, c’était un club de fitness. Nous avons profité du fait que tous les passages prenaient beaucoup de temps pour découvrir de nouvelles possibilités de saut ou pour nous reposer un peu. L’après-midi, nous partions pour Gudo où nous nous sommes lancés dans le canyon Progero qui était également magnifique. Il y a un peu moins de sauts, mais de super rappels, dont un de 40 mètres dans une cascade verticale. C’était une sacrée aventure de descendre dans ce jet d’eau. Par contre, le sac de corde attaché au baudrier demande un bon équilibre, surtout s’il se prend dans la cascade. Le soir, nous sommes allés manger à l’Osteria Bellavista à Gordola, quelques kilomètres au-dessus de notre appartement. La patronne, forte sympathique, parle français et le risotto aux bolets est vraiment à recommander !
Pour finir le week-end, nous sommes partis dimanche matin à Intragna pour terminer en beauté avec le canyon Mulitt.
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La route du retour s’est bien passée, mis à part 30 minutes de bouchons au Gotthard et quelques ralentissements en Suisse allemande. Du coup, nous étions de retour à La Chaux-de-Fonds dimanche en fin d’après-midi, fatigués mais heureux. Il reste des souvenirs d’un super week-end à recommander à tout le monde qui aime la nature, l’eau et les sensations fortes !
Participants : Frédéric Mathez (guide), Claude Von Bürren, Neuma Lucia Perregaux, Matthieu Pinsard, Cédric Bryner
Cédric Bryner