Lundi: En raison de l'épidémie de Caronavirus, j'ai dû annuler la petite semaine de marche prévue en Italie au départ de l'Alpe Veglio. Lors de cette démarche désagréable, j'avais informé les inscrits de mon intention de proposer un plan B, si les conditions le permettaient. Ce fut le cas. Après une bonne étude de cartes et quelques contacts personnels, j'ai pu faire la proposition de découvrir deux vallées méconnues de part et d'autre du Baltschiedertal qui lui-même est assez peu fréquentée vu que pour accéder à la cabane qui s'y trouve, il faut compter au moins 6 heures de marche. Pour être à pied d'œuvre assez tôt, j'ai proposé à mes amis de dormir à Viège lundi soir.
Retrouvant ma "casquette" de préposé à la culture de la section l'idée m'est venue de proposer la visite de l'exposition de la collection Blocher à la Fondation Gianadda à Martigny. Cette idée fut accueillie avec intérêt, et c'est donc aux alentours de 15 heures que nous nous sommes tous retrouvés dans les salles de ce beau musée. Pour une bonne partie d'entre nous, ce fut une surprise enthousiasmante de découvrir les très nombreuses oeuvres des maîtres de la peinture suisse, Anker et Hodler qui forment l'essentiel de la richissime collection de l'ancien Conseiller Fédéral. De Martigny à Viège une petite heure de voiture nous emmène à l'hôtel Eyholz où nous prenons nos chambres, toutes confortables malgré le fait que certaines, donnant sur la route sont quelque peu bruyantes. Il fait chaud et c'est sous la tonnelle que nous prenons notre excellent repas du soir, accompagné d'un remarquable Pinot Noir de Salquenen, non filtré.
Mardi: Départ pour Mund, (le village du safran), où nous parquons tout en haut. Michel qui s'aide de la carte et des informations que lui donne son téléphone portable, trouve rapidement le moyen de descendre au centre du village (environ 1300 m d'altitude) d'où nous prenons un bon sentier en direction du Gredetschtal. Plusieurs bisses, alimentés par le Mundbach permettent de pénétrer assez facilement dans "notre" vallée. Nous en suivons un, fort bien aménagé, en grande partie à l'ombre et nous pénétrons dans un des rares endroits sauvages des Alpes, accessibles exclusivement à pied. La pente est douce et régulière et notre montée se déroule sans trop d'efforts. Un troupeau d'ânes nous attend près d'un pont. Nous passons auprès d'un petit monument en souvenir d'un chasseur décédé en montagne, (1536 m) et parvenons aux lieux-dits Stafelbode puis Chiesteli (un alpage à 1610 m d'altitude) où nous décidons de pique-niquer rive gauche de la rivière. Après une bonne pause, nous revenons sur nos pas jusqu'au point 1536, puis nous traversons des adrets ensoleillés à droite de la rivière et nous arrivons au bisse appelé Wyssa sur les cartes topographiques. D'abord aisé et bien régulier dans des pâturages en pente, le petit canal d'irrigation pénètre assez vite dans une zone abrupte. Construit dans des parois de rocher verticales ou presque, il est le fruit d'un travail ancien et gigantesque destiné à irriguer les champs de crocus, entre autres cultures de la région de Mund. Nous sommes ébahis par l'audace du tracé qui longe des à-pics vertigineux, et si, quelques tunnels ont été creusés par la suite pour rendre plus régulier le débit du canal et pour éviter des passages dangereux, il n'en reste pas moins que, sur un peu plus d'un km, c’est une succession de petits tunnels, de passage sécurisés par des câbles, de tronçons sur des planches surplombant le vide et de points de vue superbes sur la gorge très loin en contrebas.
Et tout à coup, les choses changent, le bisse glougloute gentiment dans des prairies et à mesure que l'on s'approche du village de Mund, d'abord sur un doux sentier, puis sur un chemin blanc, les chalets se font plus nombreux, la présence de l'homme devient plus visible, des paysans récoltent du foin à l'aide de râteaux de bois qu'ils déposent dans des véhicules spécialement adaptés aux pentes raides… Le soleil tape dur, la chaleur se fait de plus en plus intense et cela devient difficile à supporter. Je m'arrête à un coude de la route, alors que le reste de l'équipe décide de parcourir ensuite le "sentier du safran". François vient me reprendre et dans sa grosse voiture nous montons à un restaurant magnifiquement situé tout en haut près de la forêt. Le reste de l'équipe ne tarde pas trop à nous rejoindre, vu qu'en cette saison il n'y a pas grand-chose à voir sur la boucle didactique projetée. Nous passons un bon moment sur la terrasse de ce café-restaurant, avant de redescendre à notre hôtel de Viège…
Douche, apéro pour certains et bon souper, suivi de discussions sans fin, sous la tonnelle avec une température digne des nuits provençales.
Mercredi: Nous achetons nos pique-niques à la COOP de Gampel. Jusqu'à Hohtenn la route, sinueuse et assez étroite ne présente aucune difficulté même si l'arrivée à la gare de ce village nous oblige à faire demi-tour. Ensuite cela se corse. Quoique goudronnée nous avons à faire plutôt à un chemin qu'à une route. Ca monte raide, c'est très sinueux, les places d'évitement sont rares et il n'y a pas de parapet côté vide, où les pentes sont impressionnantes. Nous passons par le hameau de Jazu avant d'arriver, nettement plus haut dans un virage avant Mattachra (1640 m) où nous parvenons à parquer les trois voitures. Un bon chemin largement au-dessus du Jolibach nous fait franchir la gorge du Seebach puis nous amène à proximité de quelques maisons au lieu-dit Joli (1744 m). Nous passons rive gauche où le chemin en quelques zigzags monte assez fortement, mais heureusement, il est en grande partie dans l'ombre que nous offrent des beaux mélèzes. Nous dépassons un tout petit chalet, presque un refuge et lorsque nous sortons de la forêt, le fond de la vallée s'offre à nous. Nous découvrons des montagnes inconnues au loin, des restes de glaciers et des éboulis en éventails partagés par quelques torrents. C'est superbe. Et si l'on se retourne, c'est les Mischabels à gauche, le Weisshorn et le Bieshorn à droite qui nous font signe, de loin. Nous décidons de pique-niquer près d'un petit pont au point 2063 après que Michel s'est baigné dans le torrent.
Nous sommes dans un biotope très particulier, un terrain relativement plat, acide, boueux par places, marécageux et où pousse une herbe drue très particulière. Nous avons un peu l'impression d'être quelque part en Asie Centrale ou dans la Cordillère des Andes. Après quelques bons moments passés dans cet endroit superbe, nous entreprenons la marche du retour. Pas très facile de trouver le départ du sentier, au bord de ce curieux plateau. Michel qui marche devant repère un reste de cairn et l'amorce d'une sente raide qui descend en direction du Jolibach. Nous sommes sur la bonne voie, mais c'est assez pénible pour tout le monde, surtout qu'il fait très chaud. Notre idée. c'était de retourner à Mattachra en longeant le bisse Ladu Süe, mais nous savions que son parcours était fermé en raison de risques d'éboulements. Nous ne prenons pas de risque et nous descendons alors sur les chalets de Joli et suivons sur un petit kilomètre un beau bisse tranquille qui passe au-dessus de notre chemin de l'aller. Mais à un endroit, il faut le rejoindre, car ça ne passe plus même si une partie de l'équipe s'obstine à continuer le long du canal jusqu'à ce qu'il devienne impraticable, ce qui les force à faire demi-tour.
Lorsque nous arrivons aux voitures, Michel nous propose de nous rendre à un pont suspendu plus bas dans la vallée, pas loin de Gampel. Mais après la descente de la route scabreuse et avoir cherché le départ, nous nous rendons compte que c'est trop tard et qu'il vaut mieux aller boire le verre de l'amitié à Gampel. Nous nous séparons ensuite, les Cassi vont au Simplon, les Perrenoud à la Forclaz, Jocelyne et Claudine rentrent en train, Jean-Denis, Gilberte et moi montons dans la Range Rover de François qui nous conduit sans coup férir à nos domiciles respectifs après avoir subi une averse extrêmement violente avec de la grêle non loin de Berne.
Une très belle réussite malgré un temps presque trop chaud, du plaisir d'être en montagne et de découvrir des régions totalement inconnues de tous, et l'agrément de s'y trouver en bonne compagnie. Mais aussi l'intérêt pour la partie culturelle de la sortie ainsi que pour les bons dîners à l'hôtel.
Mardi :10.7 km, 410 m+-, 4 h 45 de marche effective pour moi.
Mercredi : 6.2 km, 450 m +-, 4 h de marche effective pour moi.
(Merci à tous pour votre gentillesse, votre patience et vos attentions Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Michel pour m'avoir secondé et pris la direction des opérations sur le terrain, à Francine toujours très attentive aux plus fragiles d'entre nous et à François qui m'a attendu chaque fois que je peinais. MZ)
Participants: Jeanine et Giovanni Cassi, Gilberte Gerber, François Humbert, Jocelyne Kohli, Jean-Denis Moschard, Francine Perrenoud–Glassey, Michel Perrenoud, Claudine Ullmo et Maurice Zwahlen (Organisateur)
Maurice Zwahlen