Lors de deux excursions récentes du Groupement de Maintenance Cardio Vasculaire, j’ai eu l’occasion de découvrir les sources des alentours de Corgémont et les formations géologiques de Champ Meusel et des Chenevières au nord de Saint-Imier.
Concernant les sources de la Dou et du Torrent, des analyses réalisées en 1981 révélèrent la présence d’une pollution au tritium. Cette substance était utilisée alors dans l’industrie horlogère et il est probable qu’elle provenait des canalisations de la ville de la Chaux-de-Fonds avant la mise en service de la station d’épuration des eaux. La partie la plus en amont du bassin versant topographique du Vallon de Saint-Imier, jouxte l’anticlinal de la Chaux-de-Fonds. Elle est traversée par un très important décrochement géologique qui va de la Vue des Alpes à la Ferrière. La présence du polluant en question démontre que les eaux souterraines peuvent franchir des obstacles comme des décrochements majeurs, et que dans ce cas précis, l’eau souterraines du Dogger de la région de la Vue des Alpes alimente l’aquifère du Malm du Vallon de Saint-Imier. [i]
Une légende tenace attribue la formation du creux presque circulaire de Champ Meusel (au pied de la Dalle de Saint-Imier) et de la dépression en forme de fer à cheval des Chenevières à la chute très ancienne d’une météorite. Cette hypothèse lancée par deux chercheurs alémaniques (Bächtiger et Hoffmann, 1976) fut reprise immédiatement par des journalistes qui supprimèrent les précautions d’usage (communications provisoires, probable, vraisemblable). La légende était née, elle court encore…
Michel Monbaron, professeur de géologie à l’Université de Fribourg, démonte cette hypothèse et fournit une explication rationnelle des formations en question, dans un article publié en 1990.[ii] Il s’agit en fait d’un phénomène qui se rencontre en plusieurs endroits du Jura plissé, situé au départ sur la flexure en genou d’une couche calcaire, ici le Malm. A cet endroit des failles fragilisent la roche qui petit à petit se creuse grâce aux phénomènes classiques d’érosion, aggravés par des actions glaciaires ou périglaciaires. L’exemple le plus frappant de ce phénomène est le Creux-du Van.
Maurice Zwahlen
[i] D’après Malvesy, Tripet et Schaer : Histoire de la connaissance géologique du Jura franco-suisse (Ed. Alphil 2021)
[ii] Michel Monbaron : Impacts de météorites ou cicatrices d’érosion ? Etude de quelques formes en hémicycles du Jura plissé suisse. (Bulletin N° 113, 1990 de la Société Neuchâteloise des Sciences naturelles)
