Cinq jours à Alpe Veglia du 9 au 13 août 2021

Lundi : La randonnée alpine que j'avais commencé d'organiser en 2020 a été reportée d'une année en raison de la pandémie de Covid.
Départ de la Chaux-de-Fonds à 6 h 32, changements à Bienne, Berne et Brigue, arrivée à Varzo où nous descendons du train. Un petit bus nous conduit ensuite à San Domenico, où, après un café sur la place, nous prenons deux télésièges plutôt anciens qui nous conduisent à Rifugio 2000 sur l'Alpe Ciampolino. Il est 11 heures et nous nous mettons en marche en direction d'Alpe Veglia. Le sentier descend légèrement sur un kilomètre à peu près. Partiellement en forêt et sur des pentes sud, il est agréable et nous avançons bien tout en admirant une flore superbe. Nous perdons environ 150 mètres d'altitude avant d'entreprendre une rude montée vers une croix, point culminant de notre marche d'aujourd'hui (2051 m). Le sentier est très raide et fort pénible pour moi. Nous faisons un arrêt pique-nique à cet endroit d'où la vue est magnifique, de tous côtés, avec la masse noirâtre du Monte Leone, vers l'ouest.
En distance, nous n'avons pas encore parcouru la moitié de notre itinéraire et nous repartons en légère descente, vers l'ouest. Toujours en descente, nous passons sous la Punta Maror, puis, en forêt, avec de légères descentes et de petites montées, suivies d'un tronçon bien raide, nous parvenons à une bifurcation. Nous décidons de prendre le sentier le plus long car nous pensons qu'il sera moins pénible. Après une vingtaine de minutes en forêt, nous parvenons à une selle, qui donne accès à un grand plateau le Plan Stalaregno. C'est un terrain acide, tourbeux et humide. Nous avons l'occasion d'admirer de très grandes linaigrettes au bord des nombreuses petites gouilles typiques de ce biotope.
A l'extrémité de ce plateau, le sentier se perd et nous passons un bon moment à chercher un chemin pourtant marqué sur la carte. C'est deux maisons de pierre, perchées sur un coteau qui nous permettent de trouver la "bonne" voie. Toujours en descente, nous parvenons à la Balma. Mais nous ne sommes que trois, les retardataires. Le reste de l'équipe n'a pas manqué un panneau indiquant un raccourci permettant d'arriver à l'auberge Lepontino, une bonne demi-heure avant nous. Nous admirons les belles constructions anciennes de ce hameau, et après un passage en forêt en montagnes russes, nous descendons enfin à l'hôtel.
Il est 17 heures, c'est le moment d'un apéro accompagné de planchettes de fromages et de charcuterie de la région. Nous nous installons dans nos chambres, "matrimoniales" pour les couples, très simples avec lits superposés pour les autres. Bon souper, à 19 h 30 dans la grande salle à manger.

Mardi : Petit déjeuner à 8 h 30. Départ à 10 heures. Je suis fatigué et je n'ai pas envie de faire une longue course vers l'ouest, une boucle en direction du Kaltwasserpass. Je décide de rester à Alpe Veglia. Voir plus bas le récit de Francine
Mais le temps est beau et j'ai tout de même envie de marcher quelque peu tout en musardant. Vers 11 heures, je me mets en route et quitte le hameau de Cornù où se trouve l'hôtel avec l'intention de faire le tour du plateau d'Alpe Veglia. Je passe sans m'arrêter devant la fromagerie et je traverse la plaine pour me rendre à Isola. C'est quelques maisons à l'orée de la forêt. Il y a là, un ancien hôtel quelques peu délabré qui fut un établissement de cure recherché avant qu'un éboulement ou un séisme ne tarisse la source d'eau minérale et par là même la source de revenus pour la région. Il y a encore un hôtel, l'Albergo Alpino (Anciennement hôtel du Monte Leone), un camping et une petite épicerie.
Je continue ma route vers le sud, je passe à côté d'Alone (quelques maisons et une chapelle) et, après avoir coupé à travers un marécage, je parviens au très beau petit village de Cianciavero que je parcours tranquillement en prenant quelques photos.
Je décide alors de me rendre au Lago delle Streghe (Lac des Sorcières) à 20 minutes selon les panneaux. Mais je me trompe de sentier et je me dirige vers les Marmitte dei Giganti que j'atteins en une grosse demi-heure. Je m'arrête un bon moment au bord de ce torrent qui a creusé ces marmites de géants et je mange ce qui reste dans mon sac depuis hier, gruyère et saucisson.
Je retourne sur mes pas et cherche en vain à la jumelle un pont qui me permettrait de rentrer par la rive gauche du torrent, faisant ainsi le tour de l'Alpe Veglia.  Je reviens donc sur mes pas et je bois une bière à l'Albergo Alpino, avant de rentrer, de faire une petite sieste en attendant les copains qui arrivent par petits groupes.

Francine : Ouverture des volets de nos chambres à 2 lits. Le temps est magnifique. L’Alpe Veglia s’étend devant nous, prairie plane dont les contours sont marqués par plusieurs groupements de petites maisons en pierre bien entretenues, avec quelques refuges et auberges. Des pentes recouvertes de forêts de mélèzes dévalent dans cet ovale vert clair, se prolongeant par des pierriers jusqu’aux trois-milles qui entourent le plateau.
Petit-déjeuner à 8 h 30, départ à 10 h 00, nous prenons le rythme de nos 5 jours de marche, où nous allons faire chaque fois cinq à six cents mètres de dénivelé, nous laissant amplement le temps d’admirer le paysage. L’herbe et les mélèzes sont très verts en raison de l’humidité de cet été.
Nous partons en direction du glacier d’Aurona pour une boucle, laissant le Monte Leone sur notre gauche. Son sommet vu de l’auberge nous apparaît curieusement carré. Nous longeons d’abord l’alpage et passons près d'Isola, un hameau de grandes maisons de pierre inoccupées (le responsable du refuge nous expliquera plus tard qu’il s’agit d’un hôtel qui recevait des curistes en raison de la proximité d’une source ferrugineuse. Suite à un éboulement sur la source l’hôtel a fermé. Une arrivée d’eau ferrugineuse est toujours visible près d’un autre torrent à partir de l’Albergo della Fonte).
Le sentier s’enfile dans la forêt de mélèzes et nous remontons le torrent (Rio d’Aurona) du côté gauche. Suivent des champs de rhododendrons et de myrtilliers. En altitude nous nous retrouvons dans un espace herbeux et pierreux. Près d’un gros rocher (2235 m) se trouve la bifurcation pour le chemin de la descente, il faut traverser le torrent. Nous pique-niquons.  Une partie du groupe continue vers le départ du col où nous pensons trouver un lac mais il s’agit plutôt d’un mélange de torrents glaciaires. Un panneau " cabane du Monte Leone 2 h 20" nous rappelle nos amis du Locle.
Le retour se fait de l’autre côté du torrent par un magnifique sentier, qui passe par des paysages variés. La flore est très riche et les couleurs vives. Nous visons le lac des Sorcièese (Lago delle Streghe, 1828 m), étendue d’eau transparente en plusieurs bassins peu profonds, qui rassemblent aussi tous les moustiques de la région. Après le bain d’un participant nous longeons le lac et redescendons sur l’Alpe Veglia.
La journée se termine par un apéro sur la terrasse et un repas bien agréable dans une ambiance très conviviale.

Mercredi :  Départ à 10 heures, une fois l'averse de ce matin passée. Derrière l'hôtel, le sentier est assez raide et grimpe dans une belle forêt de mélèzes. Puis le chemin devient plus aimable, mais bientôt nous devons attaquer la rude montée en direction du Lago Bianco. C'est escarpé, bien raide et nous devons franchir quelques passages en faisant de très grands pas, à la montée. Après quelques zigzags et de nombreux arrêts pour reprendre notre souffle nous arrivons à une bifurcation au point 2061. François et moi décidons de ne pas poursuivre la montée vers le lac et de nous diriger à l'ouest, vers la Conca Mottiscia. Avant de partir, nous pique-niquons rapidement et nous nous mettons en route en compagnie de Francine qui a décidé de nous accompagner. Voir plus bas le récit de Gilberte
Le sentier, presque à plat, domine la vallée et passe au-dessus de très hauts bancs de rochers. Il est plutôt agréable, bien entretenu et fréquenté. Il nous permet d'admirer une flore particulièrement variée. Nous n'allons pas vite, nous avons le temps. Nous changeons légèrement de direction vers notre droite, et nous traversons en descente des prairies alpines où ça et là poussent des jeunes mélèzes. François nous fait remarquer qu'ils sont souvent abîmés par les cornes des chamois ou des bouquetins. Nous parvenons assez vite à la Conca Mottiscia (2061 m) où nous devons traverser plusieurs torrents, issus de gros névés et d'un glacier moribond au nord-ouest de la combe où nous nous trouvons.
Il ne nous est pas très facile de repérer la sente, rive droite, mais un balisage discret, ainsi que quelques cairns nous permettent de nous repérer. Après un arrêt au bord d'un ruisseau où nous nous désaltérons et remplissons nos gourdes, nous suivons un bon sentier qui descend rapidement à Isola. Nous traversons l'Alpe Veglia et au lieu de rentrer directement à l'hôtel, nous nous dirigeons vers l'Albergo della Fonte où, entre pâtisseries, capuccinos et bière, nous passons un bon moment sur la terrasse à bavarder.
Je rentre à l'hôtel par un petit sentier qui longe la forêt tandis que Francine et François font un crochet vers une source d'eau minérale.
 
Gilberte : L’orage a éclaté durant la nuit. La pluie a cessé au matin mais a repris après le petit déjeuner. Par chance, le beau temps revient et c’est sous un soleil déjà bien chaud que nous quittons l’hôtel (1769 m) à 10 h 05.
Le chemin se montre tout de suite très raide. Nous montons lentement à travers une pâture suivie d’une petite forêt de mélèzes. Ce sentier de terre battue devient rocailleux, rocheux, et l’ombre se fait de plus en plus rare. La chaleur rend la montée particulièrement pénible. Nous avançons lentement, en faisant beaucoup de petites pauses. Peu à peu, la colonne se divise en deux.
Les premiers s’arrêtent près du lac pour attendre les seconds. Patrizia nous rejoint. Elle nous annonce que Maurice et François, accompagnés de Francine, ont préféré redescendre par un autre chemin, moins ardu.
Ce magnifique lac de montagne (Lago Bianco, 2157 m) nous invite à la baignade ; Michel et moi-même profitons de faire quelques brasses pour nous rafraîchir, très vite imités par Olivier. Brr ... l’eau est froide !  Nous apprendrons plus tard – trop tard – que le bout du lac est bien plus chaud car son fond est recouvert de sable noir qui absorbe davantage de chaleur, ce qui fait que l’eau a quelques degrés de plus à cet endroit.
Nous grimpons ensuite sur un plateau nommé Le Plan Erbioi (2200 m), à 15 minutes du lac ; c’est là que se trouve la bifurcation pour monter au refuge Bivacco Farello CAI (2447 m).
Il est temps d’entamer la descente par un sentier rocheux. A un certain moment, nous surplombons de gros blocs éparpillés sur une grande surface, comme s’il y avait eu un gigantesque éboulement. De jeunes mélèzes d’un beau vert poussent un peu partout entre ces rochers gris. Leurs racines vont jusqu’à traverser le rocher pour se jucher fièrement sur un bloc. Un peu après le Plan de Scricc (1933 m) nous apercevons la rivière en contrebas. Le chemin est bordé de grands myrtilliers qui incitent à la gourmandise. En fait, la région est très propice à cet arbuste, il y en a partout. Les baies sont belles mais la pluie persistante les a gorgées d’eau et elles ne sont pas très sucrées.
Quand nous entrons dans La Forêt du Parc, nous avons le plaisir de marcher sur un sentier de terre recouvert d’aiguilles de mélèzes. Quelle douceur après les pierres des hauteurs !
Un dernier raidillon à travers le pâturage nous amène juste derrière l'Albergo Lepontino. Il est 16 h 40. C'est le temps de l’apéritif pour certains, celui de la douche pour ceux qui ont peur qu’il n’y ait plus d’eau chaude s’ils s’attardent sur la terrasse.
Une magnifique journée dans une ambiance très agréable ! Merci aux organisateurs !

Jeudi : Après la bonne course d'hier, François et moi décidons de faire une journée "pénarde" alors que le groupe, sans les Olivier, décide de se rendre au Lac d'Avino en boucle, puis pour certains au Paso del Croso à 2400 mètres d'altitude. Voir plus bas le récit de Claudine et Jocelyne
Vers 11 heures François et moi, nous nous dirigeons gentiment vers la source minérale à moins d'une demi-heure de l'hôtel. Nous y restons assez longtemps et nous recevons un message de Lise, nous disant qu'ils prennent l'apéro à l'Albergo Alpino. Nous décidons de les rejoindre, mais en descendant, nous faisons un crochet vers une curieuse étable, en partie construite dans la pente et semi-enterrée avec une sorte de 2e étage dont nous ne comprenons pas la fonction. Lorsque nous arrivons à l'auberge, les Olivier l'ont déjà quittée. Ne trouvant pas de place à l'Albergo della Fonte, ils retourneront à notre hôtel pour y dîner, puis ils iront visiter les Marmitte dei Giganti.
Il fait trop chaud au soleil et nous décidons d'aller à l'intérieur. Nous buvons une bière, puis décidons de manger ce que l'on nous propose, planchette de fromage et plat de charcuterie, si copieux que nous ne parvenons pas à tout finir, malgré 3 verres de rouge chacun. Avec les cafés, ça nous a coûté 24 euros.
Nous allons ensuite au hameau de Cianciavero où nous flânons longuement. Nous descendons ensuite vers la rivière où le seul pont est bien en aval dans la forêt. Nous revenons en direction de Cornù, passons devant un ancien four à chaux et, au lieu de rentrer directement, nous montons encore au Rifugio Città di Arona du Club Alpin Italien, où nous buvons une bonne bière, plutôt chère. Retour à l'hôtel en quelques minutes.

Claudine et Jocelyne : Après un petit déjeuner toujours très particulier, petites théières, plateau de fromage et salami, pain, beurre, etc. distribués au compte-goutte avec, toutefois, deux serveurs très volontaires se déplaçant de la cuisine à la salle à manger à grande vitesse, nous nous mettons en route à 10 h 00, comme chaque jour.
Maurice et François, de même que Lise et André, ont préféré découvrir, individuellement, les forêts des alentours avec les mélèzes, pins et myrtilliers dans les sous-bois, de même que les nombreux ruisseaux et torrents qui sillonnent toute la zone.
Le reste du groupe – Claudine, Francine, Gilberte, Jeanine, Jocelyne, Patricia, Gianni, Michel et Olivier - se met en marche en direction des "Marmitte dei Giganti", le but de l’excursion étant le lac d’Avino et le Passo del Croso (2360 m).
 Après un départ tranquille sur une route caillouteuse, nous empruntons un sentier en forêt qui monte en pente douce, très agréable, dans un environnement magnifique avec une végétation luxuriante. Nous arrivons, ensuite, dans la zone des "Marmitte dei Giganti", de belles vasques creusées par l’eau du torrent. Le nom vient de leur ressemblance avec de grands chaudrons, que l’imagination populaire a vu comme d’énormes casseroles dans lesquelles des êtres gigantesques faisaient chauffer leur nourriture. Les marmites sont creusées progressivement lors du mouvement de rotation de graviers ou de galets sous l’effet de l’eau d’un torrent. Pour couronner le tout, nous admirons encore une spectaculaire cascade. 
Nous poursuivons notre chemin pour arriver au début d’un sentier bien escarpé avec des pentes soutenues, une rude montée jusqu’au lac d’Avino (2246 m). Une fois arrivés, nous découvrons ses eaux turquoise et son barrage.
Nous décidons de pique-niquer dans ce splendide environnement.
Le but de l’excursion étant le col, Michel donne le départ après une bonne pause.
Gilberte et Claudine préfèrent redescendre tranquillement en faisant la boucle, comme prévu, par le Lac des Sorcières (Lago delle Streghe)
Le début du sentier d’accès au col a été renforcé, aménagé et rendu plus sûr par endroit grâce à la pose d’un câble de sécurité.
Le groupe poursuit sa montée vers le col et seule une partie de ce dernier arrivera au point de vue.
L’approche se fait par un haut-plateau désertique où apparaissent d’infimes points d’eau et une belle flore alpine. Après une courte pause sur de surprenants cailloux blancs (peut-être du quartz), le groupe emprunte un nouveau chemin, qui ne se trouve pas sur la carte, qui l’amène au Passo del Croso , point culminant de la journée, d'où l’on peut admirer l’autre versant de la vallée, soit Ponte Campo et San Domenico.
Retour à la place pique-nique pour tout un chacun.
La descente est assez raide et passe, au début, par des pierriers et, ensuite, dans une forêt dense jusqu’au Lac des Sorcières, petit miroir d’eau entre les mélèzes.
Magnifique journée pour tous les participants qui, selon leur envie du jour, ont profité un maximum de cette région située du côté italien du Simplon, qui est un enchantement pour la randonnée

Vendredi : François et moi, nous quittons l'hôtel vers 9 h 30 et nous nous dirigeons vers Ponte Campo.
Lorsque la petite route quitte le plateau d'Alpe Veglia, elle serpente bien haut au-dessus de la rive droite de la gorge très profonde du torrent. Sans beaucoup descendre elle parvient à la Cappella di Groppallo à 1723 m d'altitude. Nous observons rive gauche d'immenses éboulements de blocs, certes pas tout récents mais impressionnants. A partir de là le cheminement devient pénible tant la pente de cette petite route en lacets est raide. Elle est en partie revêtue de grosses dalles de pierre. Arrivés presque en bas, le reste de l'équipe nous dépasse ou marche avec nous. Nous parvenons bien assez tôt à l'arrêt de bus de Ponte Campo (1319 m). Nous avons bien le temps de manger nos sandwichs, et dès que nous montons dans le véhicule, le voyage se déroule sans à-coups. Avec un départ à 13 h, nous arrivons à la Chaux-de-Fonds à 18 heures avec des changements à Varzo, Brigue, Berne et Bienne.
Merci à tous les participants pour leur amitié, leur bonne humeur, leur enthousiasme et leur patience.

Maurice Zwahlen

Participants : Cassi Jeanine et Giovanni, Olivier Lise et André, Perrenoud Francine et Michel, Prétôt Patrizia et Olivier, Gerber Gilberte, Humbert François, Kohli Jocelyne, Ullmo Claudine, Zwahlen Maurice
(Organisateurs : Maurice et Michel)