Cent ans, ça se fête ! 75 ans de fidélité au CAS, ça se célèbre !
Nous étions trois, mercredi 9 février 2022 pour honorer notre plus ancien membre et pour passer un bon moment avec lui. Gilberte Gerber, notre président François Humbert et moi, Maurice Zwahlen nous nous sommes rendus à son domicile de Château d'Oex où Emile nous attendait pour l'apéro avec une bonne bouteille de Gewurztraminer. Notre hôte nous a immédiatement mis à l'aise en nous rappelant qu'au CAS on se tutoie. Autour de la table et dans une ambiance très chaleureuse, nous avons particulièrement apprécié une sorte de tour d'horizon à bâtons rompus d'un siècle de vie de notre alerte centenaire.
Il s'est mis à la varappe en 1946, principalement au Salève avec un ami, mais c'est une année plus tard en 1947, qu'il a fait sa toute première grande course, la Haute Route à skis, dormant dans des cabanes glacées, qui alors n'étaient jamais gardiennées en hiver. Un souvenir impérissable, prologue à son adhésion à la section genevoise.
Emile était chef de train aux CFF ; intéressé par les lignes de chemins de fer internationales, il a parcouru toute l'Europe avec son épouse. Il garde un souvenir particulier du Transsibérien (Moscou – Vladivostok) et d'un mémorable voyage au Mexique. Il s'est aussi rendu aux Jeux Olympiques d'Oslo en 1952 et à ceux de Saporo, 20 ans plus tard.
Passionné de ski de fond, il a participé 7 fois à la Vasaloppet une course de 90 km en Suède.
Ce n'est qu'en 1980 qu'il réussit l'ascension du Mont Blanc après plusieurs tentatives infructueuses dues surtout au mauvais temps. Il a gravi, généralement à ski et souvent avec Georges Zwahlen de dix ans son aîné, le Vélan, le Grand Combin, le Bieshorn et bien d'autres qui échappent à sa mémoire pourtant toujours solide.
Parmi ses très nombreux souvenirs, il évoqua son travail de facteur à la Lécherette en 1939, puis ses difficiles expériences en Suisse alémanique lors de son arrivée dans la campagne zurichoise, suivies par deux années fort agréables durant lesquelles il acquit parfaitement la langue de la majorité de nos confédérés. Il mentionna aussi avec forces détails une voiture construite par le grand-père de sa femme en 1897 et qui réalisa le trajet Paris – Bordeaux à 29 km/h de moyenne. Elle se trouve actuellement à la fondation Gianadda à Martigny.
Nous serions restés encore longtemps à écouter Emile évoquer ses souvenirs, mais peu après midi, nous avons quitté son domicile avec lui pour nous rendre au restaurant du Cerf à Rougemont, pour un repas simple mais fort agréable avec au menu du jour, des joues de bœuf, plat que je ne connaissais pas et qui est fort bon. Une bonne bouteille de rouge, des desserts "giclés" et des cafés ont mis fin à notre belle journée en compagnie d'Emile Morier que nous avons raccompagné chez lui vers 15 heures. En nous quittant, il a manifesté très chaleureusement le plaisir que notre visite lui a fait et sa reconnaissance pour le petit cadeau et pour le bon dîner.
Nous avons été frappés par sa vivacité d'esprit, par son aisance, par sa gentillesse, par son amour de la vie et des petites choses qui lui font toujours plaisir, par ses possibilités de se déplacer et de vivre seul, son épouse étant décédée il y a quelques années. Quant à nous, nous avons particulièrement apprécié cette belle journée avec notre « super-vétéran ».
Maurice Zwahlen