Vous êtes-vous déjà demandé en voyant un caillou, un bloc, un rocher, une dalle, une falaise, une aiguille, une moraine, un éboulis ou un pierrier d'où proviennent ces minéraux que vous foulez au pied lorsque vous allez en montagne ? Question certes un peu saugrenue mais qui survient parfois lorsque vous vous trouvez devant une pierre dont la texture ou la couleur attirent votre attention.
Le petit ouvrage d'Yves Siméon : D'où viennent les Alpes[1] répond à vos interrogations. L'auteur nous amène loin, très loin dans le temps, jusqu'à quelques 600 millions d'années, époque où se sont "fabriquées" les roches les plus anciennes. Par des processus très lents, elles se sont modifiées, elles sont apparues en surface, puis elles ont été de nouveau plongées profondément près du magma pour y subir des métamorphoses dues à la chaleur et à la pression, bref, elles ont subi une longue histoire mouvementée.
Il nous est difficile de nous représenter les temps anciens, tout comme les distances interstellaires, d'ailleurs. Yves Siméon nous aide dans une démarche particulièrement vertigineuse mais qui permet de comprendre en partie comment la terre a évolué, d'appréhender la tectonique des plaques, les mouvements d'écartement ou de collision des masses continentales, la subduction, le volcanisme, l'apparition puis la disparition des chaînes de montagnes, des mers et des océans, les puissantes modifications du climat, les façonnages de nos paysages alpins par les glaciers et les glaciations… Et pour les grimpeurs, il précise les origines différentes du gneiss et du granite.
Qui a entendu parler de la mer alpine, de l'océan valaisan, de la mer valaisanne, de l'île du Briançonnais, phénomènes naturels disparus depuis longtemps, mais qui ont façonné les Alpes telles que nous les connaissons. Certes Michel Marthaler[2] nous avait mis la puce à l'oreille en 2014 avec sa démonstration prouvant que le Cervin est africain, mais Siméon va plus loin car il embrasse une période et des territoires gigantesques.
Un regret, les photos et les schémas fort bien faits sont très petits ce qui n'en facilite pas la compréhension.
Maurice Zwahlen
